Page:Henri IV - Lettres Missives - Tome1.djvu/657

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

doctrine et confession avec les nostres. Auquel synode fus prié unanimement de toute l’assemblée de poursuivre la proposition que je leur en avois faict faire, et à ceste fin d’employer personnaiges d’auctorité, pieté et doctrine vers tous les Princes et Estats faisans professioni de la religion reformée, pour les exhorter et supplier, chascun en son endroict, d’apporter à une œuvre si saincte et necessaire tout ce que Dieu leur auroit donné de moyen et d’auctorité. À ceste fin donc, Messrs, je despeschay despuis quelques mois le sieur de Segur, superintendant de ma maison, accompaigné d’un gentilhomme de ma chambre[1], et d’un maistre des requestes de mon hostel[2], personnaiges suffisans auxquels je donnay charge de traicter avec la serenissime Royne d’Angleterre, messieurs des Estats du Pays-Bas, le tres-puissant roy de Danemarck, les tres-illustres Princes, seigneurs et aultres des Estats du Sainct-Empire, et leur remonstrer à chascun, selon qu’il luy appartiendroit, le mal qui provenoit de ceste plaie, qui ne peut qu’empirer si on la laisse envieillir, et le bien au contraire qui seroit à esperer si elle pouvoit estre close et fermée ; les priant, selon la coustume de l’Eglise ancienne, de remettre la decision de tous ces differens à un bon et legitime synode universel qui se pourroit tenir du commun consentement de toutes les Eglises reformées, lorsque Dieu leur auroit donné paix et repos. Et en attendant cest heur, de faire cesser selon la charité chrestienne toutes invectives, tant de bouche que par escript, qui ne font qu’enaigrir la plaie que nous debvons adoulcir par tous moyens pour en faciliter la guerison. J’espere, Messrs, que vous trouverez ceste procedure bonne ; et ce qu’elle aura profité vous l’entendrez par le dict sr de Ségur et ceulx lesquels l’avoient accompaigné. Auxquels ou partie d’eulx avons donné charge de vous visiter de nostre part, vous reciter le fruict et progrez de leur negociation et tirer advis de vos prudences, de ce qui sera besoing de faire cy-aprés pour l’amener à sa droicte fin. Cependant parce que le dict voyage, auquel ils ont à visiter tant de

  1. M. de Buzanval.
  2. M. de Calignon.