Page:Henri IV - Lettres Missives - Tome1.djvu/699

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quels couper chemin et vous faire de plus en plus congnoistre que je n’ay rien plus a cueur que le bien de vostre service, de la paix et de l’Estat, et que je n’estime rien tant que l’honneur de vostre bonne grace à l’execution de voz commandemens, je supplie trez humblement Vostre Majesté trouver bon que je fasse moy-mesme l’execution contre le dict du Casse, à laquelle je procederay, touttes choses delaissées, si monsr le mareschal de Matignon m’envoie deux canons et deux couleuvrines ; et y auray bientost mis fin, et avec beaucoup d’espargne pour la despense, afin de le prendre et le mettre entre les mains de la justice, et razer sa maison ; et ne me vouloir priver de ceste charge qui m’appartient proprement, estant question d’une fortification et forcement de subjectz contre les lois du Royaume, et en quoy il va de mon honneur et reputation, et de la diminution de mon authorité, si aultre l’entreprend ; joinct que la dicte execution se peut mal aisement faire en ce temps par aultre que moy, sans donner de l’ombrage et defiance à beaucoup, et mettre alteration en ceste province, tant à cause de plusieurs actemptats fraischement commis contre ceulx de la Religion, que aussi parce que l’abolition, depuis si longtemps qu’elle a esté accordée, n’a pu encore estre veriffiée, au grand prejudice, trouble et mescontentement de ceulx qui y ont interest.

D’aultre part, nagueres le president Pichard, catholicque, a esté constitué prisonnier à Paris, par ordonnance de vostre privé conseil, estant à la poursuicte de l’expedition de l’abolition du faict du capitaine Bazas, assoupy et esteinct et expressement compris en la conference du Flex, duquel il y eut plusieurs desclarations de Vostre Majesté et de Monsieur, et adveuz suffisans, ce qui a mis touttes les Eglises de ceste province en allarme, et pourroit mettre en desespoir beaucoup de particuliers, de quoy je n’ay voulu faillir d’advertir Vostre Majesté, et la supplier ne permettre que la passion d’aucuns, en particularitez de peu de consequence et qu’ils font neanmoings tres grandes, soit cause d’empescher un bien general et important au repos et grandeur de tout cest Estat. Et par ce, Monseigneur, que je me promets de Vostre Majesté (m’ayant, dés mes premiers ans, demons-