Cop. — B. R. Suppl. fr. Ms. 1009-4.
Imprimé. — Mémoires de messire Philippes de Mornay, etc. t. I, p. 376. Édit. de la Forest, 1625, in-4o.
[1] Monseigneur, La triste nouvelle que j’ay entendue par les lettres de Vostre Majesté, de la mort de feu Monseigneur, m’a apporté la tristesse qu’elle a deu, car j’y ay recogneu ma perte inestimable selon le devoir de nature, et non moings ressenty celle de Vos Majestez, pour le vif ressentiment que j’ay de tout ce qui leur touche. Cependant ceste constance qui a esté particuliere à Vostre Majesté à surmonter tant d’afflictions, se doibt esvertüer en ceste adversité à surmonter elle-mesmes. Ce que je m’asseure que Vostre Majesté fera, venant à considerer la volonté de Dieu, sous laquelle il est raisonnable que toutes les nostres se ployent. C’est pourquoy, Monseigneur, je ne la feray plus longue à Vostre Majesté, pour ce regard, ains remettra le surplus au sieur de la Roque, que j’envoie exprés à Vostre Majesté pour luy tesmoigner combien je pastis de ceste affliction en moy-mesmes, et compastis à celle que je sçay que Vostre Majesté en reçoit : et sur ce, je prye Dieu, Monseigneur, de vouloir vous conserver longuement en trés parfaite santé[2].
- ↑ Les Mémoires de Mornay portent ici à la marge : « Faite par M. du Plessis. »
Un événement bien grave pour le roi de Navarre venait de s’accomplir. Le duc d’Alençon était mort à Château-Thierry le 10 juin 1584, sans avoir été marié. De son côté, Henri III, marié depuis huit ans et demi, n’avait pas d’enfant, Le roi de Navarre, premier prince du sang, était devenu héritier présomptif de la couronne. - ↑ Cette lettre dut être écrite de Vareilles ou plutôt Varilhes, au comté de Foix ; car la Vie de Mornay nous apprend que le roi de Navarre reçut dans cette ville la nouvelle de la mort de Monsieur. D’après les comptes de dépense, le roi de Navarre y séjourne du 13 au 18 juin.