Page:Henri IV - Lettres Missives - Tome1.djvu/78

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obeissant et trez devot fils, comme j’en supplie trez-humblement Vostredicte Saincteté, à laquelle j’espere rendre bien tost solemnelle soubmission pareille à celle de mes predecesseurs roys[1], sitost qu’il luy plaira l’avoir agreable, ainsy qu’elle l’entendra par le gentilhomme que depesche à present le sieur cardinal de Bourbon, mon oncle, tant pour cest effect qu’aussi pour supplier trez-humblement Vostredicte Saincteté de ma part, qu’en apprenant le mariage dont il a pleu au Roy m’honorer avecques Madame sa sœur, nous en donner et octroyer, pour la consanguinité qui est entre nous, la dispense qui sera necessaire, avecques telle absolution que nous et nostre posterité en demeurions deschargez envers Dieu et Vostre Saincteté[2]. Laquelle, Tressainct Pere, je supplie le Createur vouloir longuement conserver et maintenir au bon regime et gouvernement de sa saincte Eglise.

Escript à Paris, ce iije jour d’octobre 1572[3].

Vostre trez humble, trez obeissant et trez devot fils, le Roy de Navarre,
HENRY.
  1. Voy. la lettre du 18 décembre 1573.
  2. Marguerite de France, fille de Henri II et de Catherine de Médicis, née le 14 mai 1552, morte à Paris le 27 mars 1615, était petite-nièce de Marguerite d’Angoulême, mère de Jeanne d’Albret, par conséquent le jeune roi de Navarre et sa femme étaient cousins issus de germains. Charles IX et Catherine de Médicis, pour satisfaire l’impatience de l’amiral de Coligny, au sujet de ce mariage, feignirent d’avoir reçu des lettres du cardinal de Lorraine, ambassadeur de France à Rome, anonçant que les dispenses venaient d’être accordées et qu’on les recevrait par le premier courrier. D’après cela, le cardinal de Bourbon passa outre, et maria son neveu avec Marguerite, le 18 août 1572. (Voir les Mémoires de l’Estat de France, t. I, f. 248 recto et 262 verso.) Dans l’acte de ce mariage, le roi de Navarre prit les titres de très-haut et très-puissant Henry de Bourbon, premier prince du sang royal et maison de France, roy de Navarre, empereur des Espagnes, duc de Vendosme, de Beaumont et d’Albret, etc. prince de Bearn, comte de Foix, d’Armignac, de Bigorre, etc. (Voir Legrain, Décade du roy Henry le Grand, l. II.)
  3. Le pape répondit de Rome au roi de Navarre le 1er novembre 1572. Dans cette lettre, assez longue et d’un ton très-paternel, il dit au jeune roi : « Tout ce que vous avez de richesses, de dons d’esprit, de grandeur et de puissance (dont vous estes… heureusement accomply), vous le refererez et en userez à la plus grande louange de Dieu. »