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1585. — 9 février.

Orig. — B. R. Fonds Béthune, Ms. 8824, fol. 96 recto.


À MON COUSIN MONSR DE MATIGNON,

MARESCHAL DE FRANCE.

Mon Cousin, Je trouve si estrange les impressions qu’on a données aux villes de Dax, Saint-Sevé et autres, qu’outre ce que je vous en ay escrit par Hartré, il fault que je vous renouvelle ma plainte, congnoissant combien cest exemple est dangereux pour le reste des villes de mon gouvernement. Je m’appuye sur mon innocence et sur l’esperance que j’ay de rendre tant de services au Roy mon seigneur, en tout ce que je penseray luy aggreer, qu’il pourra recongnoistre la sincerité de mes intentions à son tres humble service et au bien de son Estat, et qu’il[1] ne voudra beaucoup de bien à ceux qui artificieusement m’auront voullu esloigner de l’honneur de sa bonne grace ; J’ay adverty Sa Majesté de ce que j’ay decouvert, par Ferraut, secretaire de ma femme (auquel elle avoit donné congé) ; et estant venu jusques icy, je ne l’eusse fait arrester, sans le propos qu’il y a tenu. Je m’asseure que nul ne pourra trouver mauvais qu’en chose qui regarde la conservation de ma personne, et pour esviter les entreprizes que quelques ungs que vous pouvez penser avoient dessignées, j’en aye uzé de la sorte. Je vous en ay voullu donner advis, afin que vous ayez de quoy fermer la bouche à ceulx qui voudroyent calomnier cest affaire. On m’a escrit de la Cour qu’on vous avoit mandé de pourveoir au paiement des garnisons des villes de seureté pour la presente année, et faire delivrer deux mois pour les arrerages de la passée ; qui est bien peu. Toutesfois en attendant, je vous prie que cela se puisse recouvrer, affin que les soldatz ne vivent confuzeement sur le plat païs. Je m’achemine dans peu de jours vers Montauban, dont je vous advertiray du moyen qu’il faudra tenir pour la reddition

  1. Le texte original porte là et qui, ce qui semble une faute provenant de la prononciation, au lieu de et qu’il.