li.52 _. LETTRES MISSIVES mens, leurimonstre qu’il n’a pas eu agreable ce qu’ils ont faict, puis- qu’il touche l'esprit de nostre Roy, pour les recevoir à sa doulceur ac- coustumée, comme luy-mesme le declare ; qu’ils se contentent. Nous avons tous assez faict et souffert de mal. Nous avons esté quatre ans ivres, insenscz et furieux. N’est—c’e pas assez? Dieu ne nous a—t-il pas I assez Frappez les uns et les aultres, pour nous faire revenir de nostre — endormissement, pour nous rendre sages à la [in, et pour appaiser nos luries? V ` Or si, aprés cela, il est loisible que, comme tres `humble et tres . fidele subject duhoy mon seigneur, je die quelque bon avis à ceulx qui le conseillent : qui la jamais ouy parler qu’un Estat puisse durer, - i quand il y a deux partis dedans, qui ont les armes -à la_ main? Que _ sera— ce de cettuy-cy, ou il y en a trois? Comment luy peut-on per- suader de faire une guerre civile, et contre deux tout à un coup? Il n’y a poinct dlexemple, poinct dlhistoire, poi11ct de raison qui luy promette une bonne issuë de cela. Il fault qu’il fasse la paix generale avec tous ses subjects, tant d’un costé que d’aultre, `tant d’une que d'aultre religion,°ou qu’il rallie au moins avec luy ceulx qui le moins s’escarteront de son obeissance. Et ace propos, qu’un chascun juge de mon intention. Voilà comme je rends le mal pour lejbien, comme j’entends l’animer contre ses subjects qui ont esté de cestebelle i Ligue. Et vous scavez tous, Messieurs, jneantmoins, que, quand je le voudrois faire, 'et en sa necessite luy porter mon service (comme je le feray, S, ll1'Il€ le commande), en apparence humaine, je traverse- ray beaucoup leurs desseings, et leur tailleray bien de la besogne. ' J’appelle_à cesteheure tous les aultres de cest Estat qui sont res- tez spectateurs.de nos folies. Tappolle nostre noblesse, nostre clergé, nos villes, nostre peuple ; clest à eux que je parle. Qu’ils considerent ou nous allons entrer, ce que deviendra la France, quelle sera la face de nostre Estat, si ce mal continue ; que fera la noblesse, si nostre Gouvernement se change, commeil le fera indubitablement, . et vous ; le voyés desjà; si lesvilles, par la crainte des partisans, sont contrainctesde se renijermer dans leurs portes', de ne soui`}`rir _
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