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Page:Henri IV - Lettres Missives - Tome2.djvu/502

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LETTRES MISSIVES


tout cela, ils sont encore en vie, et en liberté, graces à Dieu. Fera-t-il moins pour vous, quand on vous attaquerai) et vous scavés tous que, nonobstant, vous estes plus forts qu’ils n’estoient, et que vous ne pou- I i vés jamais avoir’les ennemis qu’ils ont eus. Qui vous fait precipiteri) Quelle fureur, pour la crainte d’estre mal a vostre aise d’icy à un siecle, de vous rendre mal heu-reux et miserables dés à ceste heure ; pour A un peche, faire des crimes ; pour prevenir un mal esloi- gné, en faire et en soulirir une infinité de presens ; pour asseurer la liberté de vos enfans, les nourrir dans la servitude ; pour establir leur repos et leurs biens, les abandonner à la `guerre et au pillage? Croyés— moy, mes Amis, ceulx qui vous mettent cela en la teste se servent de vostre dos pour monter aux echaflauds de leur ambition ; mais ils ont oublié a vous dire que si l’ecl1all’aud renverse (comme iliera indubitablement), ils seront precipitez du haultien bas, et vous, acca- blez au— dessoubs, si eux ne descendent de bonne heure, et vous ne vous ostés de la avant que tout fonde. i Pensés-y : c’est vous donner des peurs trop vaines, de vous persua- 'der que nostre Roy, le plus catholique qui lust jamais, vous con- traigne à quitter vostre religion catholique, trop esloigné de vous menacer ; que moyje le lieray. Je ne suis poinct vostre Roy ; je ne le _. seray (si plaist à Dieu) jamais. Quand j’y serois appelé, je ne serois pas si peu sage, que je ne Yuye toutes occasions qui peuvent appor- ter la guerre civile et division en un Royaume. Or je suis bien aise de vous en pouvoir parler de si prés, et si vostre voisin. Vous avés veu, il n’y a que deux jours, mercredy et jeudy dernier, les com- mencemens de benediction que Dieu envoye sur nos armes à Senlis eticy 2, à la vue des deux plus grandes villes de France3 : jettés les yeulx la-dessus. Ce n’est poinct à vous a desbattre contre vostre Roy ’ Les deuic allaires toutes récentes que i les troupes de deux seigneurs de la Ligue, rappelle ici le roi de Navarre sont la levée Saveuse et Forcevilles. du siège de Senlis, le mercredi 17 mai, et, 3 Bien que la seconde ville de France lelendemain, larencontredeBonneval, où fût, comme au_jourd'hui, Lyon, Timpor- le fcomte de Châtillon délit entièrement tance de Tours, où se trouvait alors le Roi "