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LETTRES MISSIVES


volonté envers moy, je ne pense poinct aussy vous en pouvoir en- voîer un plus agreable, pour supplier Vostre Majesté, en ce besoing qui se presente, de m’en faire sentir les effects. Il vousdira, Madame, — _ ce qui se passe en ce Royaume dont vous scaurés assés cognoistre, selonqvostre bon jugement, que c’est la Ligue generale, et qui opere aujourd’huy, sans doubte pour parvenir à la ruine universelle de _ nous tous. Que si Dieu a voulu, Madame, comme il semble, que la Francesoit Feschafaut ou cestetragedie aye à se jouer, au moins - esperé-je que tous les princes et estats vraiement chrestiens y` res- sentiront leur interest, et ne voudront pas estre spectateurs oiseux d’une' action de laquelle le succés leur est commun par une conse- quence inevitable, encores que les premieres peines et les premiers dangiers nous semblent en particulier appartenir. J’attends, Ma- _ dame, de l'amitié et bonne volonté qu’il vous a pleu me promettre, le prompt secours qui m’est necessaire pour soustenir les efforts qui se presentent ; car aussy Vostre Majesté tenant le premier lieu en _ ceste cause, je me propose d’estre comme vostre capitaine general _ contre ; _les_ ennemis communs ; lequel, Madame, il importe à vostre -, grandeur et reputation de ne laisser abandonné de vos moyens en la resistance qu’il nous convient faire aux desseins pernicieux de ceste Ligue. Mais, Madame, toute la chrestienté attend, entre cela, de ` vostre prudence et authorité, que vous resveilliés et exhortiés tous les princes et estats chrestiens à leur debvoir, et le leur faciés vivement sentir et recognoistre. Car, pardonnés-moi si je vous dy, Madame, qu’il 11'est raisonnable que les fruicts et effects de vostre vertu demeu- rent enclos et enferme ; és bornes de l'Angleterre, puisque l’odeur et ' reputation en est ja parvenuë aux extremitez du monde. Le sieur de ` Segur vous dira l’estat des affairesde ce Royaume et desmiennes, les dangers que je puis courir sans vostreappui, et les grands effects que je puis sans doute faire, si jesens vostre faveur en ce besoing, et sur- tout combien les choses pressent, n’y ayant retardement d’un seul jour qui ne nous puisse apporter interest d’tme sepmaine. En somme, Madame, estant conservé par vous, je vivray aussy pour vous, et