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Page:Henri IV - Lettres Missives - Tome3.djvu/27

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LETTRES MISSIVES

pour la reverence de son habit, à luy parler en sa chambre hier ma­tin, où il luy auroit donné un coup de cousteau dans le ventre, qui ne monstroit apparence de danger, au premier appareil, ny tout le long de la journée : neantmoings il a rendu l’ame à Dieu ceste nuict, laissant à tous ses bons serviteurs qui sont icy un extresme ennuy et desplaisir, tous bien resolus avec nous d’en poursuivre la justice ; à quoy de nostre part nous n’espargnerons jusques à la derniere goutte de nostre sang, puisqu’il a pleu à Dieu nous appeller, en son lieu, à la succession de ceste Couronne, ayant bien deliberé aussy de donner tout le meilleur ordre que faire se pourra, avec le bon conseil et ad­vis des princes et aultres principaux seigneurs, à ce qui sera du bien et conservation de l’Estat, sans y rien innover au faict de la religion catholicque, apostolique et romaine, mais la conserver de nostre pou­voir, comme nous en ferons plus particuliere et espresse declaration ; et ne ferons aussy, en ce qui concerne l’Estat, aucune chose qui ne soit trouvée bonne pour le bien public. Sur quoy nous avons bien voulu escrire la presente, pour vous asseurer de nostre bonne inten­tion ; à ce que vous soyés d’autant plus confortez à perseverer en la fide­lité que vous avés par cy-devant gardée à vostre Roy, vous asseurant que, ce faisant, vous recevrés de nous le meilleur traictement et sou­laigement, en ce qui concerne vostre particulier, qui nous sera possible. Sur ce, nous prions Dieu qu’il vous ayt, Chers et bien amez, en sa saincte garde. Escript au camp de St-Cloud, le ije jour de aoust 1589.

HENRY.
potier[1].

    publiques du royaume. Nous ne répété­rons point cette formule aux lettres de ce genre qui suivront.

  1. Louis Potier, baron de Gesvres, comte de Tresmes, second fils de Jacques Potier, seigneur de Blancmesnil et de Françoise Cueillette, dame de Gesvres, fut introduit dans l’administration dès le règne de Charles IX, par M. de Villeroy, devint, en 1567, secrétaire du Roi, et, en 1578, secrétaire du conseil. Il accompagna Henri III, au sortir de Paris, à la journée des Barricades, fut chargé de l’inventaire des papiers trouvés chez le duc de Guise, après le meurtre de ce prince, et devint secrétaire d’état le 22 février 1589. Il remplit cette charge, sous le règne de Henri IV, jusqu’en 1606; la reprit, sous