Page:Henri IV - Lettres Missives - Tome3.djvu/820

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A DE HENRI IV. 791. luy faire trouver mauvaise, soit en luydeguisant les raisons qui m’y meuvent et mes. intentions, ou par aultres moyens et artinces qu'ils scan- ront inventer : ce qui m’a principallement donné occasion de vous faire ce discours, jugeant qu'il est necessaire qu’il soit informé du tout, le plus 'tost qu'il sera possible, pour prevenir, si faire se peut, leurs calomnies et im— postures. Quant au moyen de le faire bien à propos, je n’en sçay point _ de meilleur, ny de qui je me puisse mieulœjier, que de mon cousin le grand- duc, et croy qu'il le fera volontiers pour Fafection qu'il a au bien et- repos de ce Royaume. Partant je vous prie luy faire communicquer la presente le plus diligemment que vous pourrés aprés la reception d’icelle, mesmes la luy laisser s'il le desire, et le prier de ma part de se vouloir employer en cest ojaire, selon et de la façon qu'il le sçaura trop mieulœ _ juger estre besoing, pour bien disposer le Pape et la court de Rome, a _ prendre de bonne part la voye que fay deliberé tenir, ainsy qu’elle est cy- devant representée. Et neantmoins, pour ce que ceulœ qui ont envie de continuer a faire la guerre en ce Royaume se pourroient couvrir de la defectuosité que mes ennemys arguent en ma conversion, si son auctorité - ny intervient, ou jusques. a ce qu’il l'ayt approuvée, je prie ciussy mon dict cousin de voir s'il plairoit au Pape, pour oster ce subject de trouble, d'envoyer son brin a quelques prelats par deçà, pour les autoriser, ' en tant que besoin, à recevoir ma conversion. S'il ‘y condescendoit et qu’il le voulust remettre au cardinal de Plaisance, il faudrait remonstrer que ses deportemens sont tellement" formez au desir des Espagnole, que ce seroit autant que de me remettre à eulx-mesmes. D'en envoyer un aultre non partial, c'est ce que favois desire et dont vous auriés charge de le requerir ; mais aprés avoir passé tant de temps, je ne pourrois attendre sa e venue, sans laisser trop longuement à mes ennemys le pretexte qui tient le peuple any avec eulr, encorcs que chacun congnoisse qu'ils ontaultre but que de la Religion ; et en cest intervalle, le roy d’Espagne pourroit faire tels efects et praticques, que le mal se rendroit beaucoup plus grand et dangereux ; que pour y obvier, il seroit besoin que le dict brief fust adressé à prelats françois, aultres neantmoins que de la Ligue, parce qu’iIs se monstrent trop animee à ceste guerre, et n'oseroient_ aussy faire que ce