Page:Henri IV - Lettres Missives - Tome4.djvu/195

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_ - DE HENRI IV. ]77 dignement acquitté de ceste charge, qu’aprs avoir attendu une nuict J et un jour le dict convoy, combien que leur escorte fust composée de . plus grand nombre d’hommes qu’il n’avoit avec luy, hier, environ les cinq heures du soir, les chargea, et les trouva si resolus de se def- fendre que le combat dura une heure entiere. Leur infanterie espa- gnole soutint le premier effort, par lequel ils ne purent estre rompus ; qui fut cause que mon dict cousin mit pied à terre, comme firent la noblesse et chevaulx—legers qu’il avoit avec luy, et en mesme temps donna si courageusement, comme firent aussy les Suisses, qui estoient conduicts par le s' de Sancy, qu’ils emporterent tout ce qui se trouva d’infanterie prés du dict convoy. Lorsque ceste charge fut faicte, il n’y avoit que la moitié du dict convoy et de l’escorte entrez dans la forest, qui furent aussy chargez. En mesme temps le s' de Givry, qui ` commandoit au reste de la cavalerie et qui estoit en son embuscade, ` chargea celle des ennemys et ce qui restoit à entrer dans la forest, qui fust pareillement delfaicte, s’estant toute la cavalerie des dicts ennemys mise en fuicte, laquelle fut poursuivye jusque dans les portes de la F ere, ayans esté la plupart tuez et les aultres noyez. Ceste def- faicte a esté si grande, qu’il s’est recogneu de sept à huict cens hommes morts, et le reste s’est perdu par la forest, n’ayant esté prins de tous leurs gens de guerre que deux cappitaines. La perte que mes ennemys ' ont receue par ceste deffaicte, tant par leurs hommes que par leurs munitions, dont ils avoient extresme necessité, les a fait resouldre de — quitter leur camp retranché, ce qu’ils ont fait ceste nuict, ayant com— mencé de desloger avant la my-nuict, Je monte presentement à che- val avec mil chevaulx et quatre ou cinq mil hommes de pied, pour aller à eulx. J’espere les rencontrer, et si foccasion s’offre d’entre— prendre sur eulx, ne la laisseray passer. Je logeray demain mon armée pour continuer mon siege. Ma dicte arméeest grande, et tous mes serviteurs pleins de courage et de volonté de me servir. J’espere que Dieu me fera la grace de les bien employer, pourveu que je sois assisté du moyen que fattends par vostre diligence, tant pour les munitions que pour les deniers, suivant les depesches que je vous ay cy—devant wrmns on immx iv.— xv. 23