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Page:Henri IV - Lettres Missives - Tome4.djvu/328

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DE HENRI ’IV. 309 lettres qui sont tombées entre mes mains, lesquels estans escripts en chiffres il a descbiffrez. L’archiduc Ernest les envoyoit au roy—d’Es- pagne, et estoient accompagnées de lettres de Stephen d’Ivara. Vous en apprendrés la substance par la lecture, de sorte que je ne vous en exprimeray rien par ma presente ; mais comme nous descouvrons par icelles plusieurs pratiques et menées contre laroyne d’./Xngleterre, ma tres rchere sœur et cousine, et ses estats, je n’ay voulu faillir de les luy faire scavoir, par fobligation que je luy ay, l’interest que j’ay à sa conservation et au bien de ses affaires, et faffection particuliere que je luy porte. Vous verrés comme le tout a esté proposé soubs le nom du roy d'Escosse, comme s’il estoit participant des ouvertures qui ont esté faictes ; mais je crois que l’auteur d’icelles, qui est jesuite, a emprunté son nom pour donner credit à sa poursuicte, y mieux embarquer leroy d’Espagne et ses officiers, et en tirer plus de com- . modité, car telles sortes de gens ne font conscience d’user de sem- blables suppositions pour mieux troubler le monde ; en quoy consiste leur principale estude, comme ceux qui font profession de proffiter de la ruine et calamité des aultres. Il me semble aussy que le roy d’Es— cosse a jusques à present faict paroistre trop de prudence et bonté, et davantage porté trop de respect a la dicte dame et de zele et ardeur à' la religion en laquelle il a esté nourry et dont il faict profession, pour prester l’oreille à tels remuemens, qui ne 'pourroient estre enfin que trop prejudiciables à sa reputation, à son auctorité et a ses pays, et mesmes du tout contraire à ses esperances ; et tant s’en fault aussy qu’il ayt cy-devant favorisé telles entreprinses, qu’il a couru sus, com- battu, defaict et seurement poursuivy et puny ceulx qui les ont faictes ‘en son royaume. Davantage il a plus curieusement recherche hors I d’iceluy l’amitié des ennemys que des fauteurs des Hespagnols, de A quoy ladicte dame peut rendre plus certain tesmoignage que nul aultre, avec ses principaux serviteurs. Aussy nevoyons-nous pas que l’arcbiduc Ernest, par la lettre qu’il escript au roy d’Espagne, laquelle faict men- tion des affaires d’Escosse, face grand estat de la volonté du dict roy, chose qui est à presumer qu’il n'eust obmise, _ s’il y enst eu fondement, '