passée, infinis. pauvres sou-ffreteux qui estoient dans vostre ville ; je i ‘
vous viens demander faulmosne pour ceux que _j’ay laissez sur la from
tiere. Vous aves secouru des personnes qui estoient dans les rues sur
les tabliers, ou accaignardez prés du feu ; je vous demande l’au.lmosne .
pour des gens qui ont servi, qui servent nuict et jour, et employent
leur vie pour vous tenir en repos. Je desire, Mess“, qu’on tienne une
assemblée generale en ceste ville mardy prochain, aflin que, comme
aultrefois, en pareilles occasions, on a fait tm effort pour secourir i .
l’Estat qui n'estoit si foible ni si alanguy qu’il est à present, et, par
consequent, la charité plus aisée, chacun contribue à ce besoing. J'ay
_ esté sur la frontiere, j’ay fait ce que j’ay peu pour asseurer lespeuples ;
_j'ay treuvé, y arrivant, que ceulx de Beauvais s’en venoient en ceste
ville, ceulx des environs d’Amiens à Beauvais. J’ay encouragé ceulx
du plat pays ; j’ay faict fortifier leurs clochers, et fault que vous die,
Mess", que les oyant crier a mon arrivée vive le Roi! ce m’estoit aul-
' tant de coups de poignard dans le sein, voyant que je serois cons-
trainct de les abandonner au premier jour. Il n’y fit jamais plus beau
sur la frontiere : nos gens `de guerre pleins de courage et d’ardeur, le
peuple mesme, qui est entre Amiens et Dourlens, plus voisins des
ennemys, plus resolus de s’opposer à leurs armes. Nous avons des ne-
cessitez, nos ennemys n’en sont pas exempts ; c'est chose que nous
avons apprins par leurs lettres mesmes. Ils n’ont encore eu moyen de
jetter des hommes dans Amiens, et ce m’est un regret incroyable de
‘ voir perdre tant de belles occasions. J’ay tenté des entreprinses ; nous
y avons apporté tout ce qui estoit des hommes ; Dieu ne l’a'pas voulu :
il a fallu subir à son ordonnance ; encor est-ce beaucoup d’avoir essayé
à les executer, _et beaucoup de terreur à nos ennemys de l’avoir osé
entreprendre. Mess", je feray ma diette à S*-Germain, sans qu’elle
m’empesche d’entendre les affaires generales, mais bien les particu-
lieres, à quoy on n’a que trop songé. Je vous prie, assemblés-vous, car,
si on me donne une armée, fapporteray gaiement ma vie pour vous
sauver et relever l’Estat ; sinon, il faudra que je recherche des occa-
sions, en me perdant., donner ma vie avec honneur, aimantimieux
Page:Henri IV - Lettres Missives - Tome4.djvu/765
Apparence
Cette page n’a pas encore été corrigée
7l1(1
LETTRES MISSIVES