Page:Henri IV - Lettres Missives - Tome4.djvu/847

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
826
LETTRES MISSIVES


ollrent assistance, et si j’use de quelque remede pour empescher qu'ils J n’eclatent, ils me blasment et scandalisent, comme s’il procedoit de faute d’aH’ection et de soin de la conservation de la religion catholi- que ; et les aultres ont conceu une si grande deliance de moy, depuis ma reconciliation avec le S'-Siege, l'arrivée en 1non Royaulme du legat __ et la negociation de la paix avec le roy d’Espagne, que je n’ay point _ de foy ny de parole assez fortes pour les asseurer ; de sorte qu’ils vont. cherchant des seuretez en- eux mesmes, qui sont tres perilleuses. Ces perplexitez sont incomprehensibles à ceulx de loin, parce qu’elles sont deguisees par les mechans et prises diversement par les simples et ignorans, auxquels souvent on adjouxte plus de foy qulà la verité. ` Je suis contrainct de lascher quelques graces aux huguenots, pour oster le moyen aux chefs de party et factieux de les esmouvoir, où je fais plus que si j’y_ employois la force. Ils sont encore assemhlez à Chastellerault, et n’en recois aulcune assistance en ce siege d’Amiens, au grand retardement d’iceluy et.à mon tres grand regret. J’ay represente au general des cordeliers, que je ne pouvois traicter de paix sans les Estats et l’Al]glCl,€1`l`€, ayant six ou sept mil hommes de pied defrayez par eulx ; qu’au dernier traicté du Chasteau en Cam- hresis la cause de cette mesme royne, jà separée de l'Eglise, avoit esté cmhrassée et debattue par les Espagnols mesmes, qui n’avoient voulu traicter sans elle ; que les mesmes Espagnols faisoient tous les jours rechercher par l’Empereur etpar aultres les Estats de s’accom- moder avec eulx, leur oflrant toute sorte de liberté en leur religion et aultres advantages. Je luy dis que si, aprés avoir adverty la royne et les Estats de cettefproposition, je m’apercevois qu’ils refusassent .d’y entend1 e, que alorsije traicterois sans eulx et ferois cognoistre à Sa Saincteté que si je suis jaloux de ma foy et parole, je ne le suis pas moins de la conservation de mon Estat. Mais s’il a esté loisible aux Roys, mes predecesseurs, qui estoient les plus catholiques princes _ de la terre, de dellendre et proteger les protestans contre l’amhition de la maison d’Austriche, et les comprendre en leurs traictez sans en