et de l’estat auquel sont les garnisons et aultres Forces qui sont prés
` de vous. J’ay aussy appris par les depesches de l’un et de l’aultre
combien mes serviteurs me desirent par delà, et l'opinion qu’ils ont
que ma presence y est necessaire, veu les grands preparatifs que font
mes ennemys, et les desseings qu’ils ont d’entreprendre sur mes villes ;
dont _i’eusse pris occasion d’advancer davantage mon partement,
n’estoit la connance que _i’ay en vostre soing, et la diligence que je sçay
que vous apportés à tout ce qui est necessaire pour la seureté de la
frontiere et le bien de mon service ; aussy qu’il restoit par deçà beau
coup dlallaires important à mon service, auxquels il estoit besoing de
pourveoir avant mon partement : à quoy ayant donné ordre avec toute
la diligence qu’il m’a esté possible, je les vois maintenant en tel estat
qu’il ne restera rien qui ne puisse reussir par deçà, après que fauray
estably l'ordre qui est necessaire pour la seureté de ceste ville, et
ordonné ce qui est requis pour le siege de Blavet : ce que fespere
avoirlaict dans quatre ou cinq jours, et au mesme temps partir pour
aller en .ma ville de Besnes, où je ne sejourneray que deux ou trois
jours, esperant me rendre au plus tost en ma ville de Paris dans le
xv’du mois prochain, ou je ne feray que passer, pour nfen aller sur la
frontiere. J’y fais venir cependant trois des regimens que favois `
amenez, qui sont quarante enseignes, lesquels font monstre demain
et partiront le jour d’aprés, prenans leur chemin par la Normandie
pour aller passer à Caudebec et se rendre de là à Abbeville. Je Feray
marcher le regiment de mes gardes et mes chevaux legers avec moy,
laissant les aultres regimens pour le siege de Blavet. Je ne doubte
pas que mon retour ne soit necessaire ; et ne me desire moins sur la
frontiere que vous faictes, mon Cousin, me promettant qu’y estans
ensemble avec les forces que je renvoie par delà, il me sera, aise
d’entreprendre sur mes ennemys et leur faire la guerre à bon escient,
ou faire la paix aux conditions plus advantageuses, quand mes ennemys
meisentiront prés d’eux, et qu’ils recognoistront mes 1'orces. Cependant
je vous prie tenir la main pour faire advancer les deniers qui sont
destinez pour la Picardie ; dont _j’escris à ceulx de mon conseil qui
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