Page:Henri IV - Lettres Missives - Tome5.djvu/664

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
638
LETTRES MISSIVES


ai Je ne puis croire que le roy d'Eseosse penche du costé d'Hespagne, comme le publiecest Anthoine Lerde, duquel vostre lettre faict mention, car il m’a souvent promis et asseuré qu’ilferoit le contraire, adjoustant peu de foy au dire du dict Anglois ;` car puisqu’il a manqué au grand duc il peut bien en abuser d’aultres qui ne regardent à leurs affaires de prés ny si exactement qu’il faict. Vous me ferés plaisir de remer- cier le comte Martiningue des advis qu’il vous a souvent donnez tou- chant ceste conspiration, encore que j’estime qu’il ne vous a pas tous- jours dict ce qu’il en sçavoit. Mais quand il se fust ouvert davantage, je ne l’eusse jamais creu, tant estoit grande la confiance que j’avois au dict de Biron, et grandes aussy les obligations qu’il m’avoit et de me servir fidelement. Que je sçache doncques ce qu’il vous aura mande par son secretaire et tout ce qu’il vous apprendra de luy. Je ne nfattendois pas que ces'Seigneurs prissent la resolution de desapoincter le colonnel-Lussy, telle que vous m’avés escript par vostre dicte lettre. Leur ambassadeur ne m’en a encore rien dict. Quand il le fera, je luy feray cognoistre combien je loue le conseil qu’ils ont pris, autant par la consideration de leur propre bien, que pour l’interest <r¤sj’y er Le discours du chevalier Mocenigo n’est veritable, mais le remede qu’il propose au mal qu’il prevoit et redoute et le conseil qu’il_me donne sur cela ne me contente pas, car il voudroit asseurer le repos de sa republique aux despens du mien, ainsy que vous aves `bien remarqué. Toutesfois j’approuve l’advis de fortgier des places a l’en- trée du Piedmont et dïyldressernde bons arsenalz, faire provision de galeres et d’acquerir des amys et credit à Rome. Mais sçachés qu’il faudra que la Seigneurie perde sa liberté et les princesde l'Italie, ça octroyans, tost ou tard, s'ils continuent à dissimuleriet conjurer avec les ' Espagnols ; car ils commenceront par les asservir et despouiller, devant que de s’adresser à moy, ou il n’y a à gagner que des coups. Toutefois ne laissés à faire cognoistre au dict Mocenigo que jay bien pris sa remonstrance, en lîasseurant que je h feray tousjoursrpour le bien public ce que l’on doibt attendre d’un prince qui est jaloux d’iceluy et de la conservation-