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Page:Henri IV - Lettres Missives - Tome5.djvu/670

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[1602.- 2 Août.]

Cop. —B. N.’Fonds Brîcnne, vol. 38; fol. :93 verso. ’

A MONSr DE BEAUMONT.

Je vous envoie un double de l’arrest’donné contre le mareschal de Biron par mon Parlement, lequel fut` execute le dernier jour du mois de juillet, dedans l’enclos de la Bastille, suivant le commandement que j’en avois faict, à la requeste de ses proches parens et pour tesmoigner l’affection que je luy ay portée ; dont toutesfois il s’est monstre assez indigne en mourant, car il—n’a jamais voulu recognoistre et confesser sa faulte, et a eu plus de seing de ses aflaires domestiques que de descharger sa conscience et slacquitter desobligations qu’il avoit à moy et à sa patrie ; ses furies et vanitez naturelles l’a_yant accom- pagné jusques à la mort avec une telle demonstration d’animosité contre moy, que jlay grande occasion de louer Dieu qu’il nfayt de- libvré d’un si mauvais subject. Il a mesme vou.lu que l’on sceust qu’il _ sçavoit ce qu’il desnioit. Il a deschargé tant qu’il a peu le roy d’Es— pagne et ses ministres, le duc de Savoye et les siens, et pareillement le comte d’Auvergne et le baron de Lux ; enfin, il n’a accuse que son mallieurl. Mais, en voulant couvrir et descliarger ses complices en general, il les a tous accusez en particulier ; car la forme de ses denej gations a esté si allectée, que llon a recogneufau travers d’icelle, la verité qulil s’est ellorcé lobscurcir et cacher, suivant la lecon et l’opinion de certains docteurs de ce siecle, qui deflendent aux criminels condampnez par justice, à peine de dampnation eternelle, de nommerleurs complices, soubs pretexte de descliarger leurs consciences ou diminuer leurs tourmens. Aussy il a voulu dire que je le faisois mourir seulement pour ce qu’il estoit trop bon catholique ; et toutes-fois il a monstre qu’il ignoroit son paler nosler et son credo, tant il

Ce fait, attesté ici de la maniere la moins suspecte, est réellement honorable pour le caractère de Biron ; et il est difficile que la conséquence de blâme qu‘on veut ensuite en tirer ne parisse d’une subtilité un peu forcée.