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LETTRES MISSIVES


viendrons facilement, sans entreprendre dly porter un prince d’autre maison que d’Austriche, car il seroit à craindre, ce pendant que nous travaillerions à cela, que les autres ne tissent cadrer et tomber ceste i election selon leur desir. C’est sans doubte que les Espagnols preten- dent d’y porter farchiduc Albert ou Ferdinand, beau-frere de leur prince, et me semble que nous ne devons desirer fun ny l’aultre, pour les raisons qui nous sont egalement cogneues. Quoy estant nous pourrons jetter les yeux sur Mathias ou Maximilian, freres et heri- tiers presomptifs de l’Empereur. Mais je croy que nous aurons assez loisir d’y penser et d’en deliberer, car il est certain que l’Empereur retar- dera tant qu’il pourra la dicte election, pour la jalousie qu’il en a. Neantmoins, si vous cognoisses que le dict roy mon bon frere affec- tionne l’election du roy son beau-frere, et qu’il ayt de quoy esperer de la pouvoir faire reüssir, ne fesconduises pas de mon assistance ; mais aussy ne m’y engaigés davantage. Car d’un costé je serois tres aise de seconder et favoriser en cela son desir, tant pour sa conside- ration que pour plusieurs autres, et d’ailleurs estant ce prince de con- traire religion, comme il est, je ne pourrois honnestement entre- prendre sa promotion, parce que j’olfenserois le Pape et les autres princes catholiques. En tout cas, si le dict roy a volonte de faire tom- ` ber ceste dignité entre les mains de son dict beau-frere ou de quel- qu’autre prince qui soit à sa devotion, il fault qu’il aye plus de soing _ que jamais de ne laisser descheoir les affaires des provinces—unies des Pays Bas et qu’il y employe sa puissance et sa faveur autrement qu’il ne faict. Car comme, en ce faisant, il disposera d'en>i et de tout ce qui en despendra, cela rendra aussy son nom et sa recommandation et postulation en la Germanie trop plusvauthorisee et respectée. .]’ay bien considere ce qu'il vous a dict et asseure en faveur des dictes pro- vinces. Mais il ne suffit d’y procedder neutralement comme il faict, car les dicts Estats ont besoing d’estre soustenus de nous autrement qu’ils n’ont este, si nous voulons les maintenir et conserver, pour les raisons que vous luy aves dictes, auxquelles je remarque qu’il se contente d’assentir sans s’en esmouvoir davantage, comme s’il faisoit .