Page:Henri IV - Lettres Missives - Tome6.djvu/74

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
62
LETTRES MISSIVES


` avoirolliensé et irrité le dict roy ; qui seroit pour eulx une erreur pire que la premiere, car elle nfosteroit le moyen de les favoriser à l’enà . droict du dict roy, aprés son establissement. A quoy, si par vostre pru- dence et bon conseil vous pouviés apporter quelque remede, faites-le ; je l’auray bien agreable, car je doibs avoir soing et compassion d’eux, et ne veux imiter en cela les dicts Espagnols, lesquels ne font cons- cience de prostituer et basarder tout le monde pour, soubs pretexte de pieté, servir leur ambition. Mais si la Royne recouvre sa santé, comme j’esperc_ quelle fera et en prie Dieu de tout mon cœur, visités-la et vous en rejouissés avec elle quand elle vous permettra de le faire ; m’asseurant que vous vous serés bien gardé durant son indisposition de dire ny de faire chose dont elle ou les siens ayent eu subject de se plaindre ; de quoy vous vous abstiendrés encore plus que devant, car j’ay appris que les Espa- gnols d’un costé et certains huguenots de- l’autre tascbent de donner ombrage de moy, comme si j’esperois à sa succession au prejudice _ de ceux auxquels de droit elle appartient, et voulois m’entendre avec i le Pape pour faire un roy d’Angleterre à ma devotion. Je sçay, dis-je, que les partisans d’Espagne l’ont publié et escript par delà, pour la ja- lousie qu’ils ont conceue de mon intelligence avec les dicts catholiques ; et quelques-uns de ceux de la religion pretendue reformée ont faict le semblable, pour ce qu’en effect ils craignent que je preste l’oreille à telles ouvertures, comme aulcuns d’eux ont aussy escript par dela pour descrier la sincerité de mes intentions et irriter contre moy le cœur de la Royne et de ses serviteurs et subjects. Au moyen de quoy prenés garde a vous plus exactement que jamais, et soyés plus circonspect en tout ce que vous aurés à traicter avec la dicte dame et ses ministres, cariils observeront vos pas et actions plus curieusement et avec plus _ de defliance qu’ils ne demonstrent par leur façon de proceder avec vous. Je suis si pres de la feste qu’il faut par necessite que je la ce- . lebre en ceste ville ; toutesfois si fapprends par vos premieres que les affaires pressent, et requierent que j’advance mon retour et m’approch e, je m’y 'resoudray bientost, ca1 j’ay paracbevé les affaires pour les-