Page:Henri IV - Lettres Missives - Tome7.djvu/857

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SÃLO LETTRES. MISSIVES perer que le dict grand tresoriersera volontiers advoué du sien de tout ce qu'il vous a dict sur l’un et l'autre subject ; car il a tousjours monstre telle estre sa. deliberation. Je cognois bienaussy que’c’est la raison. et son advantage qu’il en `use `ainsy, estant certain que le re- nouvellement et aliermissement d’une fraternelle amitié et bonne i intelligence entre nous sur les occasions qui se presentent, est egale- ment honorable et utile, voire necessaire à Yun et à lautre ; comme à nos enfans, subjects et royaumes, s’agissant d’empescher comme il faut, que la maison d’Austriche, laquelle a fait paroistre à ce dernier siecle aspirer à la monarchie de l’Europe, ne s’agrandisse, ny aug- menteisa domination et puissance des biens et pays auxquels elle n’a aultre droict que de bienseance, et ce, sous pretexte de religion et justice, comme nous voyons qu’elle pretend faire à ceste heure aux dicts duchez de Juliers et de Cleves, au prejudice des vrays heritiers d’iceux et à la honte de leurs alliez et confederez. Leur convoitise a i desjà poulsé les choses si avant, qu’aprés avoir attiré à leurs desseins et avoir interessé avec eux tous les princes, electeurs et Estats catho- liques de la Germanie, ils pretendent et travaillent encore à y joindre le Pape avec les autres princes d'Italie. Et combien que Sa Saincteté m’ayt faict dire, sur les remonstrances et instances que je luy ay faictes pour l'en detourner, qu’Elle se conduira en cela avec grande retenue et circonspection, neantmoins j’ay sceu qu’Elle a promis aux ambas- sadeurs des dicts electeurs et princes catholiques, qui sont de present à Bome pour cest eliect, qu’Elle les assistera d’argent, qui est le se- cours qu’ils luy demandent. Le Grand-Duc a promis le semblable à l’Archiduc Leopold, frere de sa femme, llsesperent que d’aultres sui- 'vront leur exemple et donnent à entendre, et publient partout que ceste cause, qui n’est que particuliere, sera suivie d’une generale pour _ la religion ; supposant, aussy grossierement que faulsement, que l’u— nion faicte par les aultres electeurs et Estats de la Germanie, pour la seule conservation de leurs libertez, doit estre `employeecontre la religion catholique, et que l’on ne se sert du subjectde Clevcs, que pour pretexte, et pour commencer et acheminer ce dessein, lequel