Page:Henri IV - Lettres Missives - Tome7.djvu/865

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

quel est le secours dont le grand tresorier entend de present assister ceste cause, et je vous diray, sur l'un et l’autre chef, qu'il semble que cela va tres bien, pourveu que les effects s’en ensuivent en temps et lieu, ainsy qu’il convient et qu’ils disent le vouloir executer. Car encores que le nombre de quatre mille hommes de pied, que le dict roy y veut employer, n'egale le secours des autres, toutesfois, quand on verra que nous marchons d’un mesme pied en cette assistance, je ne doubte point que nos communs alliez n’en soyent grandement renforcez, et que cela n’apporte aussy de Yestonnement à leurs parties adverses. Mais je crains fort que si le roy mon dict frere fait faire la levée et assemblée des dicts gens de guerre dedans les Pays-Bas,, comme il projette, que cela ne diminue beaucoup ceux de sa nation qui servent les Estats des Provinces-Unies, desquels neantmoins ils ont, sur ceste occasion, autant et plus de besoin qu’en temps de guerre ouverte, quand ce ne seroit que pour assister de leur costé les princes heritiers des dicts pays de Cleves ; d’autant qu’ils ne pourront degarnir leurs places et forteresses qui sont voisines de celles des archiducs. Car il faut faire estat que la dicte levée se faisant aux dicts Pays-Bas, les dicts soldats anglois qui servent les Estats les abandonneront, et prendront party dans les bandes que fera dresser le dict roy, quand ce ne seroit que pour estre à la solde de leur souverain, et luy faire service. Cest pourquoy il seroit beaucoup meilleur que le roy mon dict frere list la dicte levée en son royaume, sans s'attendre à ceux qui sont aux dicts Pays-Bas, pour n’affoiblir les dicts Éstats. La despense à la verité en sera plus grande, mais aussy il evitera le susdict inconvenient, qui n’est de petite consideration en ceste conjecture d’affaires. Si sur cela on vous dit que les Estats veulent retrancher leurs gens de guerre, et que c’est de ceux-là que le dict roy entend se servir, dites—leur que nous devons donner conseil aux dicts Estats de surseoir à present la dicte reduction, du moins jusqu’à ce qu’on voye quel train ceste guerre prendra. Car, comme il est necessaire, pour l’ahreger par une voie ou par l’autre, de l'entreprendre puissamment, afin de ranger plus tost à la raison ceux auxquels on