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LE TOUR DU MONDE PARISIEN.

— Une insolente ! répéta la femme.

— Cet objet appartient à mon enfant, continua-t-il, élevant de plus en plus la voix pour couvrir les clameurs ; il appartient à mon fils : la marchande est là, qui peut le dire : et il faut qu’une femme soit une insolente pour oser battre un enfant ; et vous avez battu mon fils pour avoir cet objet ; et je ne crains pas de vous le dire : vous êtes une voleuse !

— Une voleuse ! répéta la femme.

— Oui, une voleuse ; c’est moi qui vous le dis, puisque vous l’avez battu. La marchande est-elle là ?

— Oui ; elle est là, » répétèrent cent voix.

La marchande n’était pas là.

Puis, dans la joie du triomphe, et comme la femme demeurait immobile, la tête baissée :

« De la manière que vous parlez, dit l’homme, irrité peut-être de la pensée qui ne se faisait pas jour, de la manière que vous parlez, je vous battrais comme un canard.

— Moi ! dit la femme.

— Moi ! » dit l’homme.

Sur quoi il devint très-pâle.

« Par Dieu ! dis-je à Fritz, il faut qu’il y ait un crime sous tout ceci.

— Demandons.

— Holà ! monsieur, criai-je à un honnête pêcheur qui tendait sa ligne auprès de nous, auriez-vous la bonté de nous dire de quoi il s’agit là-bas ?

— C’est abominable ! nous dit-il avec le plus grand sang-froid ; cette femme a volé, cet homme va lui donner un soufflet, et l’on condamnera cet homme.

— Mais qu’a donc volé cette femme ?

— Le sabre de bois de l’enfant, répondit le pêcheur indigné.

— Et ce sabre de bois vaut ?…