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CHAPITRE III THÉORIE DES DIÉLECTRIQUES DE POISSON COMMENT ELLE PEUT SE RATTACHER A CELLE DE MAXWELL 43. Hypothèses de Poisson sur la constitution des diélec- triques. — Dans la théorie de Poisson le rôle des diélectriques est bien moins important que dans celle de Maxwell. Pour Poisson, le diélectrique n'a d'autre but que d'empêcher le mou- vement de l'électricité. Mais pour expliquer l'augmentation de capacité d'un condensateur quand on y remplace la lame d'air par une autre substance non conductrice, une hypothèse est nécessaire. Une difficulté analogue rencontrée dans la théorie du magnétisme avait été résolue de la manière suivante par Poisson. Il s'agissait d'expliquer le magnétisme induit. Poisson regarde un morceau de fer doux aimanté par influence comme un assem- blage d'éléments magnétiques séparés les uns des autres par des intervalles inaccessibles au magnétisme et de dimensions très petites. Dans chacun de ces éléments, auxquels Poisson attribue pour plus de simplicité la forme sphérique, les deux fluides magnétiques peuvent se séparer et circuler librement. Mossotti n'a eu qu'à transporter cette théorie en électrosta- tique pour expliquer les phénomènes observés dans les diélec- triques. Dans cette hypothèse, l'air est le seul diélectrique homo- gène ; quant aux autres diélectriques, il se les représente comme constitués par de petites sphères conductrices disséminées dans une substance non conductrice jouissant des mêmes propriétés que l'air. Les phénomènes attribués au pouvoir inducteur spéci- fique s'expliquent alors par les effets répulsifs et attractifs de l'électricité induite par influence dans les sphères conductrices.