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dimensions à l'espace, ce serait admettre de pareilles congruences que, nous autres, nous n'admettons pas ; on serait alors exposé à substituer aux mouvements qui réussissent les mouvements qui ne réussiraient pas. Lui attribuer quatre dimensions, ce serait, au contraire, rejeter des congruences, que nous autres, admettons ; on se priverait alors de la possibilité de substituer aux mouvements d'autres mouvements qui réussiraient tout aussi bien et qui pourraient présenter, dans certaines circonstances, des avantages particuliers.


§ 5. — L’ESPACE ET LA NATURE

Mais la question peut être posée à un tout autre point de vue. Nous nous sommes placés jusqu'ici à un point de vue purement subjectif, purement psychologique ou, si l'on veut, physiologique ; nous n'avons envisagé que les rapports de l'espace avec nos sens. On pourrait se placer, au contraire, au point de vue de la physique et se demander s'il serait possible de localiser les phénomènes naturels dans un espace autre que le nôtre et, par exemple, dans un espace à deux ou à quatre dimensions. Les lois que nous révèle la physique s'expriment par des équations différentielles, et dans ces équations figurent les trois coordonnées de certains points matériels. Est-il impossible d'exprimer les mêmes