Page:Henri Poincaré - Dernières pensées, 1920.djvu/64

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terrestre seul, l’autre au monde solaire, l’autre au monde de Sirius, ou même à des mondes beaucoup plus petits tels que la table d’un laboratoire.

Et alors il n’est plus vrai de dire que l’univers n’est tiré qu’à un seul exemplaire ; il peut y avoir beaucoup de tables dans un laboratoire ; il sera possible de recommencer une expérience en en faisant varier les conditions ; on connaîtra non plus une solution unique, la seule qui soit réalisée, mais un grand nombre de solutions possibles et il deviendra facile de passer des équations finies aux équations différentielles.

D’autre part, nous connaîtrons non seulement les distances mutuelles des divers corps d’un de ces petits mondes, mais leurs distances aux corps des petits mondes voisins. Nous pouvons nous arranger pour que les secondes seules varient, les premières restant constantes. Ce sera alors comme si nous avions changé les axes auxquels le premier petit monde était rapporté. Les étoiles sont trop loin pour agir sensiblement sur notre monde terrestre, mais nous les voyons, et grâce à elles nous pouvons rapporter ce monde terrestre à des axes liés à ces étoiles ; nous avons le moyen de mesurer à la fois les distances mutuelles des corps terrestres et les coordonnées de ces corps par rapport à ce système d’axes qui est étranger au monde terrestre. Le