Page:Henri Poincaré - Dernières pensées, 1920.djvu/71

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soit profondément modifié ; voilà deux observateurs, le premier lié aux axes fixes, le second aux axes mobiles, mais se croyant l’un et l’autre en repos. Non seulement telle figure, que le premier regarde comme une sphère, apparaîtra au second comme un ellipsoïde ; mais deux événements que le premier regardera comme simultanés ne le seront plus pour le second.

Tout se passe comme si le temps était une quatrième dimension de l’espace ; et comme si l’espace à quatre dimensions résultant de la combinaison de l’espace ordinaire et du temps pouvait tourner non seulement autour d’un axe de l’espace ordinaire, de façon que le temps ne soit pas altéré, mais autour d’un axe quelconque. Pour que la comparaison soit mathématiquement juste, il faudrait attribuer des valeurs purement imaginaires à cette quatrième coordonnée de l’espace ; les quatre coordonnées d’un point de notre nouvel espace ne seraient pas , , et , mais , , , et . Mais je n’insiste pas sur ce point ; l’essentiel est de remarquer que dans la nouvelle conception l’espace et le temps ne sont plus deux entités entièrement distinctes et que l’on puisse envisager séparément, mais deux parties d’un même tout et deux parties qui sont comme étroitement enlacées de façon qu’on ne puisse plus les séparer facilement.

Autre remarque : j’ai cherché autrefois à définir