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Page:Henri Poincaré - Savants et écrivains, 1910.djvu/104

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savants et écrivains

commerciaux, arrêté à maintes reprises le choléra aux portes de l’Europe ; quelle part notre confrère a prise au succès de leurs travaux, ses collègues étrangers aimaient à le rappeler.

C’est aussi ce rare assemblage de deux facultés qui semblent opposées, qui nous explique la direction qu’il a donnée à son activité scientifique.

Dans cette voie, les savants ne peuvent guère compter sur le bonheur de découvrir ces lois générales, extérieures pour ainsi dire à l’espace et au temps, mais ils ont d’autres joies et avant tout celle de faire à l’humanité du bien tout de suite et de soulager les maux sans faire attendre le remède.

Le savant est accoutumé à ne conquérir la vérité que lentement ; pour lui, toute certitude doit être achetée par de longues hésitations, par de perpétuels tâtonnements. Il se défie de celle qui s’offre trop facilement, et il ne l’accepte qu’après l’avoir soumise à des épreuves nombreuses et diverses. L’homme qui doit agir ne peut s’embarrasser de ces scrupules. Il se soucie peu d’une vérité qui