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IV
introduction

quelques-uns ; mais je resterai dans les généralités. Les savants, pris en corps, ne s’en fâcheront pas, tandis qu’ils seraient choqués sans doute d’en voir faire l’application à quelqu’un des collègues qu’ils ont perdus.

Chez ces hommes, si divers à tant d’égards, on retrouvera pourtant beaucoup de traits communs. Tous, bien entendu, ont été des laborieux ; si bien doué que l’on soit, on ne fait rien de grand sans travail ; ceux qui ont reçu du ciel l’étincelle sacrée, n’en sont pas exemptés plus que les autres ; leur génie même ne fait que leur tailler de la besogne. Mais il y a bien des manières de travailler ; il y en a dont la vie entière n’est qu’une longue patience et qui, sans s’arrêter jamais, n’avancent chaque jour que d’un pas ; il y en a, au contraire, qui s’abandonnent à leur ardeur et qui s’acharnent en assauts furieux contre les obstacles, au lieu d’attendre que le temps et la persévérance finissent par les user. Les uns s’acquittent du travail comme d’un devoir, je ne dis pas d’un