Quand il abordait d’autres problèmes, ce n’était pas uniquement pour s’exercer, comme pourrait le faire croire une des phrases de son discours académique que j’ai citées plus haut. Nul au contraire n’avait l’esprit plus large, et, s’il restait ainsi attaché à son plan de campagne, c’est qu’il en attendait des résultats d’une portée universelle.
Tel un général marche directement sur la capitale de l’ennemi, sachant bien que, dès qu’il l’aura atteinte, tout le pays tombera en son pouvoir.
Il rêvait donc sinon pour lui-même, au moins pour ses successeurs, de bien plus vastes conquêtes. Si ces espérances, qui à ses débuts devaient lui sembler bien lointaines, ont fini par se réaliser en grande partie, c’est qu’il n’est pas resté seul. Son enseignement a formé de nombreux disciples, et a donné au maître toute une armée, qui acceptait sa direction, et qu’il lançait en avant, ne pouvant aller partout lui-même.
C’est pour cela qu’il est si difficile de rendre un compte exact des travaux mathématiques de Weierstrass ; ce n’est pas seule-