Page:Henri Poincaré - Savants et écrivains, 1910.djvu/78

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degré le sentiment du devoir professionnel, qu’il aurait cru déserter son poste, s’il s’était distrait un instant de la tâche qu’il avait assumée. En revanche, ennemi de la moindre tache, dans l’action même, il restait un homme de goût et l’on prend plaisir à lire jusqu’à ses rapports administratifs où l’on retrouve cette tranquille lucidité et cette sobre élégance qui caractérisent son talent.

Il ne s’écartait point de ses préoccupations journalières quand il écrivait l’Éducation des femmes par les femmes, ce livre agréable, plein d’idées et plein de faits, où revivent les grands éducateurs du dix-septième et du dix huitième siècle, Fénelon, Mme de Maintenon, Rousseau, Mme Roland. Beaucoup de ces pédagogues ont admirablement écrit et l’on ne doit pas s’en étonner. Si les psychologues sont presque toujours des écrivains, c’est sans doute qu’il faut les doigts délicats d’un artiste pour toucher à cette chose si subtile qu’est l’âme d’un homme ; et alors quelle finesse de tact n’exigera pas cette fleur plus frêle encore qui s’appelle une âme d’enfant ! Que de pénétration devra-t-on posséder pour