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RÉFLEXION

Quoi qu’il en soit, sa hardiesse a été pleinement justifiée par l’expérience.

207. Objections contre la théorie de Fresnel. — L’analyse qui précède a été entre les mains de Fresnel un admirable instrument de découverte ; c’est à ce point de vue qu’il faut la considérer sans y chercher une rigueur qui ne saurait s’y trouver. Les théoriciens y ont fait un certain nombre d’objections plus ou moins sérieuses que nous devons réfuter si nous voulons établir la parfaite concordance de la théorie des ondes avec l’expérience.

1o La restriction apportée au principe de la continuité en ce qui concerne les composantes normales paraît assez arbitraire ;

2o L’hypothèse de que nous avons introduite plus haut ne paraît justifiée au premier abord par aucune raison théorique ;

3o La formule de la réflexion totale, confirmée par l’expérience, paraît due plutôt à un heureux hasard qu’à un raisonnement rigoureux ;

4o Si l’élasticité de l’éther est constante, sa densité devra être proportionnelle au carré de l’indice de réfraction, mais comme cet indice dépend de la longueur d’onde, cette formule conduit pour la densité de l’éther à des valeurs différentes suivant la couleur de la lumière que l’on considère ;

5o Enfin la théorie précédente ne paraît pas, pour une raison analogue, susceptible d’être étendue aux milieux cristallisés puisque l’indice de réfraction n’est pas une constante. Si donc la densité est regardée comme une constante, elle ne saurait être proportionnelle au carré de cet indice.