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Page:Henriet - Le paysagiste aux champs, 1876.djvu/100

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L’ÉTÉ DU PAYSAGISTE.


nom ; » — et il écrit : Édouard d’Aliphard.

Déjà le maître de l’hôtel, un peu inquiet, se demandait s’il ne venait pas de faire quelque sottise. Ce petit d sournois, cette apostrophe imposante, ce fier A majuscule achevèrent de le fourvoyer. Il vit dans son cerveau troublé, des couronnes de comte et de vicomte qui dansaient, comme des lutins moqueurs, autour de cette particule magique.

L’hôtesse, qui flairait une maladresse, survient et tous deux de reprendre en chœur :

« Si monsieur veut bien, nous donnerons notre chambre à monsieur pour cette nuit, et demain, justement, nous pourrons disposer d’un appartement au premier qui conviendra bien sûr à monsieur. Monsieur sera ici aussi bien qu’au Sauvage ; nous serions désolés que monsieur pût croire… »

Mais Daliphard s’éloigne impassible et digne, laissant les hôteliers, confus, irrités, amers, exhaler leur dépit par la soupape des récriminations : « Tu n’es pas physionomiste ; j’aurais bien vu tout de suite, moi, à qui j’avais affaire. — Est-ce qu’un colporteur a des lunettes ? » Etc., etc. Et ils se disputeraient encore si l’arrivée de l’omnibus qui amenait les voyageurs du train