Aller au contenu

Page:Henriet - Le paysagiste aux champs, 1876.djvu/157

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
122
LE PAYSAGISTE AUX CHAMPS.


sur ces basses profondes se détachent, en notes aiguës, le fausset des commères, les jurons des filles de ferme menant les vaches à l’abreuvoir : « Tê ! tê ! ohé, la rouge ! mords-la, capitaine ! » Les chiens aboient, les ânes braient ; les marmots tombent et piaillent, étendus à terre jusqu’à ce qu’une femme les relève ; d’autres, plantés au milieu du chemin, où ils se croient perdus, restent là, immobiles, pleurant et jetant à leur mère, avec une persistance automatique, des appels désolés. Tous ces petits morveux, si roses, si blonds sous le rayon de soleil qui caresse leurs cheveux d’or, se barbouillent avec leurs tartines, se culbutent, se querellent, crient, trépignent, glapissent.

« Viens çà, ici, mon ââmi, viens, mon ange, viens, mon trésor, viens, mon pépin… »

Et l’enfant de ne bouger non plus qu’une borne :

« Vas-tu venir ici tout de suite, monstre d’afant, vilain bêtet… ou le mossieu va te fourrer dans sa boîte !… »

Le « mossieu va te fourrer dans sa boîte » est d’un effet souverain. Les marmailles courent aussitôt se cacher dans le tablier de leur mère, en renfonçant leurs larmes.