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Page:Henriet - Le paysagiste aux champs, 1876.djvu/169

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LE PAYSAGISTE AUX CHAMPS.


grain des toiles qu’employait tel ou tel maître, le ton habituel de ses préparations, analyse les procédés, traite ex professa des frottis, des dessous, des glacis, et, de l’art, ne sait que la cuisine.

Les amateurs de cette sorte ne se doutent pas que l’amour intelligent et raisonné de l’art procède nécessairement de l’amour de la nature. Ils se font un goût de convention dans les galeries de tableaux. Ils ne jugent jamais un tableau par rapport à la nature, mais par comparaison avec les tableaux consacrés, dont ils font gratuitement les prototypes du genre. Malheur au paysagiste besoigneux qui veut conquérir les bonnes grâces de pareils mécènes ! Il doit peindre chaud, en dépit qu’il en ait, et leur assaisonner la nature avec les jus et les ragoûts dont leur œil s’est fait un besoin.

Écoutez-les prodiguer, d’un ton doctoral, leurs « encouragements » aux jeunes peintres qu’ils veulent bien « aider des conseils de leur expérience… »

« La nature est froide, passez-moi là-dessus un glacis de bitume ! Voyez Karel Dujardin ! Il avait un faire chaud. Meublez-moi ce premier plan de chardons et de troncs d’arbres. Étudiez