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Page:Henriet - Le paysagiste aux champs, 1876.djvu/70

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L’ÉTÉ DU PAYSAGISTE.

Une petite Suisse ! tel est en effet, pour beaucoup de gens, le nec plus ultra du pittoresque ; mais l’artiste, pris au piège, envoie tout bas à tous les diables les « petite Suisse » et les panoramas.

Faute d’une initiation, à laquelle ils résistent d’ailleurs, car ils ont trop bonne opinion d’eux-mêmes pour se confier, les gens du monde ne voient guère dans l’art qu’une question de main-d’œuvre. Ils sont toujours portés à croire que l’intérêt d’un tableau est en raison directe de la multiplicité des épisodes qu’il représente, et de l’étendue des horizons qu’il embrasse. Ils ne se doutent pas que le plus merveilleux panorama ferait la plupart du temps un pitoyable tableau. Un panorama ne présente généralement pas cette assiette de plans, ces convergences de lignes, cette unité de composition, cette concentration de l’intérêt qui sont les lois essentielles du tableau. Le thème le plus simple, au contraire, suffit au peintre de génie pour créer un chef-d’œuvre.

Ce buisson, devant lequel vous avez passé tant de fois sans le remarquer, vienne Ruysdaël qui, lui, saura le voir à l’heure et sous le ciel qui conviennent, et vous admirerez dans sa