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Page:Henriet - Le paysagiste aux champs, 1876.djvu/83

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LE PAYSAGISTE AUX CHAMPS.

exprès pour vous faire fête, ses ors les plus éclatants, ses pourpres les plus splendides. Ce ne sont autour de vous que féeries éblouissantes ; à chaque pas, à droite et à gauche du chemin, apparaissent des décors inattendus, se déroulent des perspectives inaperçues le matin. Les fonds se colorent et acquièrent de la puissance, le paysage se masse et se rythme. Tel motif, de vulgaire qu’il était quelques heures auparavant, prend du caractère en s’accentuant ; tel autre emprunte son charme au voile dont le crépuscule l’enveloppe, et devant soi l’œil embrasse de vagues profondeurs où s’agitent des mondes. — Le soir, la nature est belle de la beauté infinie parce qu’elle a le mystère ; et pour l’âme humaine, qui veut toujours sa dose d’inconnu, le mystère, c’est l’émotion, c’est le rêve, c’est la poésie.

Le peintre s’assimile toutes ces splendeurs, dans un énergique effort de compréhension, et il lui semble vraiment que tout cela se peindrait tout seul.

« Oh ! si ma boîte était ouverte ; si j’avais seulement cinq minutes devant moi, ces tons à la fois profonds et transparents, rompus et