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et l’erreur ; c’est pourquoi leur premier retour vers la barbarie fut la suppression des ordres religieux. L’Église ne se consolera de leur destruction que lorsque de nouveaux cénobites seront venus réjouir son cœur.

Quel siècle aurait plus besoin de monastères que celui où nous vivons ? On ne pourrait rien établir de plus vénérable, de plus consolant que ces saints asiles où l’on pût vivre, penser et mourir. Dans les siècles où foi catholique était identifiée avec l’existence sociale, le cloître pouvait paraître comme une création sans motifs. Il n’en serait pas de même de nos jours, où l’on voit des âmes si désolées, des douleurs si profondes, des joies si stériles, des cœurs si découragés, si oppressés du présent, si gros de regrets et de mécomptes ici des positions sociales déplacées par la cupidité et l’ambition là, d’incroyables souffrant ces, surtout pour ceux qui ne rencontrent plus rien ici-bas de conforme à leur mélancolie, à leur tendresse, à leur à leurs affections penchant pour l’infini. Quel remède pour ces cœurs souffrans et si nombreux dans un siècle comme le nôtre ? Une demeure isolée où ils puissent vivre dans le recueillement et la prière : voilà l’arche de paix et de salut !