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histoire

rent les monastères de la ville, brûlèrent les reliques, mirent à mort les religieux qu’ils purent saisir, et délibérèrent sur le jour où ils iraient ensevelir l’abbaye de Pontigny sous ses ruines. Enfin, au mois de février de l’année suivante 1568, ils partent d’Auxerre et arrivent dans l’abbaye, qu’ils trouvent déserte. L’abbé avait caché la châsse de saint Edme dans un caveau et avait renfermé les vases sacrés et les reliques les plus précieuses (les joyaulx et relicquiers) dans un petit coffre, qui fut porté chez François Duguet, procureur fiscal de la vicomté de Saint-Florentin pour Henri de Bourbon, prince de Condé, et pour Marie de Clèves, son épouse. L’abbé confiait ce précieux dépôt à sa prudhomye et loyauté. Pour lui, il se réfugia prudemment à Troyes. Les religieux se retirèrent dans les châteaux voisins, dans leurs familles, et surtout dans un faubourg de Chablis, où ils avaient une maison.

Les Huguenots, maîtres de l’abbaye, commencent le pillage, pénètrent dans les appartemens, brisent les meubles, enfoncent les portes ensuite ils courent à l’église : en un instant les tableaux, les statues, sont mis en pièces et les tabernacles renversés : ils arrachent le cuivre qui recouvrait quelques tombes, et les colonnes de même métal qui soutenaient la châsse de saint Edme. Furieux de ne pas trouver sa sainte relique, ils se ruèrent sur les autres tombeaux. Celui de Hugues de Macon fut brûlé, parce qu’ils l’avaient pris d’abord pour celui de saint Edme. Le mausolée de la reine Adèle fut mis en pièces. Enfin, ne trouvant pas dans la sépulture des morts de quoi assouvir leur cupidité, ils