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histoire.

il ordonna que sa fête serait après sa canonisation célébrée tous les ans à Pontigny.

L’abbaye conservait toujours sa première ferveur. De toutes parts on se détachait du monde pour s’engager dans cette assemblée de religieux que l’on vénérait. Ce n’était pas seulement le simple peuple, mais des hommes recommandables par leur naissance et leurs vertus, qui postulaient l’entrée de la maison. L’idée que l’on avait de l’observance religieuse pratiquée à Pontigny était telle, que les plus parfaits religieux de divers ordres quittaient leur maison de profession, ou leur noviciat, pour embrasser à Pontigny une vie plus parfaite. P. 16. Tel fut saint Guillaume, religieux de Grandmont en Limousin, et plusieurs novices de la même abbaye, qui vinrent prendre l’habit de l’ordre en 1167.

Saint Guillaume devint, en peu de temps, un modèle accompli de la vie monastique. Il vivait dans une mortification absolue de ses sens ; aussi mérita-t-il d’obtenir de Dieu une admirable pureté de cœur, et le don de prière dans le degré le plus éminent. Il joignait à une merveilleuse simplicité de grandes lumières, qu’il puisait dans la plus sublime oraison. On découvrait à la sérénité de son visage le calme intérieur de son âme, et malgré toutes ses austérités, il ne perdit jamais cette gaîté qui prête tant de charmes à la vertu. Il était prieur de l’abbaye, lorsque les religieux de Fontaine-Jean l’élurent pour leur abbé. Peu après, il fut obligé de passer dans l’abbaye de Châlis. Enfin on l’élut archevêque de Bourges. L’obéissance qu’il devait au pape et à ses supérieurs lui firent quitter sa chère solitude en versant des torrens de larmes.