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de l’abbaye de pontigny.

de redoubler la ferveur de leurs prières, et d’exercer la charité dans toute sa perfection, en priant pour leurs persécuteurs. Cela même ne diminuait rien de la vénération que l’on avait pour eux. Au milieu de leurs tribulations, ils étaient comme inondés de bienfaits. On ambitionnait, comme la plus insigne faveur, d’être enterré dans leur abbaye, ou d’avoir une part à leurs prières. Si l’abbaye eût pu être à l’abri des persécutions, les siècles que nous parcourons n’auraient été remplis que du récit de sa grandeur. Peut-être aussi aurait-on eu à déplorer le relâchement et l’oubli de la croix, qu’amènent naturellement les prospérités temporelles.

Parmi les seigneurs qui ont suscité des peines à l’abbaye de Pontigny, on remarque un Jobert de Maligny, un Étienne de Venousse, un Jean de Ligny, un Milès de Noyers. D’ailleurs, tous ceux qui sont cités dans les Cartulaires de Pontigny, sont revenus à de meilleurs sentimens, et ont fait à l’abbaye une amende honorable avant leur mort. Quant à ceux qui n’ont vécu que pour exercer la patience des abbés et des religieux, leurs noms sont mis dans l’oubli. T. ii, p. 478. Jobert de Maligny était un riche seigneur, qui possédait des biens à Fouchère, à Monligny, à Poinchy et à Chablis. En 1187, il reconnut ses torts, en présence de Manassès, évêque de Langre ; il confessa avoir persécuté injustement la maison de Pontigny, par ses procès, ses violences, tantôt s’armant lui-même contre elle, tantôt soulevant ses serfs pour l’opprimer ; il répara ses injustices et déclara qu’il voulait vivre désormais en bonne intelligence avec l’abbé et les religieux. Son