Page:Henry - Les Littératures de l’Inde.djvu/12

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ou assimilation les groupes de consonnes ; açva « cheval », par exemple, y devient assa, et prâpta « obtenu » patta. Mort depuis 2000 ans, il se survit en tant que langue religieuse des bouddhistes singhalais et indochinois.

Au contraire, le prâcrit le mieux attesté après le pâli s’éloigne considérablement du type sanscrit : c’est la mahârâstrî, langue du pays dit des Mahrattes. Là, non seulement les groupes se simplifient, mais les consonnes isolées s’adoucissent ou tombent jusqu’à rendre tout à fait méconnaissable la physionomie d’un mot, et un simple dissyllabe vaa représente à volonté le sanscrit vacas « parole », vayas « âge », vrata « vœu », ou même -pada « pied » en composition. Une langue aussi radicalement désossée serait sans doute peu propre à l’exposition scientifique, car les mots s’y confondraient trop ; mais elle s’adapte à merveille aux convenances de la mélodie. Aussi la maharâstrî est-elle par excellence le prâcrit des stances, des couplets à chanter, soit réunis en corps d’ouvrage, soit insérés dans les intervalles du dialogue dramatique.