Page:Henry - Les Littératures de l’Inde.djvu/136

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IM LES LITTÉRATl RES DE L'INDE

jeter le réseau de sa majestueuse unité: le boud- dhisme el le jaïnisme y échappèrent, mais poui périr dans leur isolemenl : les autres sectes s'y lais sèrent prendre el vécurent à l'aise entre ses larges mailles. Elles j vivent toujours.

3. — La Trinité syncrétique

Car, avant tout, pour comprendre l'Inde, il faut se défaire du préjugé de croire qu'elle soit brâhma niste. Il y a, un peu partout, des visnuites, des çivaïtes, d'autres dévots: chacun a ses dieux et ses fêtes; à de rares exceptions près, les viçnuites ne prennent point part aux solennités des çivaïtes, ni réciproquement. Le seul lien, — mais il est réel et fort, — qui unisse ces sectaires épars, c'est que tous, de bouche au moins, confessent Brahmâ, sauf, pour la plupart d'entre eux. à ne lui rendre aucun'culte, à ne savoir même qui il est. Brahmâ les a disciplinés et organisés ; mais eux, à leur tour, ils lui ont infusé du sang de leurs dieux vivants et agissants.

Brahmâ s'anémiait, en effet, dans sa religion sans mythologie, sur les hauteurs métaphysiques où la foule manque d'air respirable. Le coup de maître des brahmanes a été de descendre vers elle, de l'annexer fictivement à leur domaine, de lui per suader que, tout en restant fidèle à ses dieux an- cestraux, elle adorait le leur mis par eut à sa portée.

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