Page:Henry - Les Littératures de l’Inde.djvu/30

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leuse et d’une terreur prostrée, qui se perpétueront dans le culte de Çiva, son hypostase plus moderne. On le conjure de s’éloigner, de ne tuer dans la tribu ni grand ni petit, ni le taureau adulte ni le veau inerme, ni père ni mère, ni les suppliants. On épie en frissonnant la course hurlante et fougueuse où il rue à travers les airs, comme le diable de notre chasse infernale, les Rudras ou les Maruts, ses enfants, qui souvent aussi sont les bienfaisants auxiliaires, d’Indra, les tourbillons des ouragans déchaînés.

Je dirai la grandeur du char du Vent : il bruit, il tonne, il fracasse : au ciel il sème les lueurs rouges : sur terre il va soulevant la poussière. ― Des fantômes lèvent à sa suite : ils viennent à lui, comme des femmes au rendez-vous ; de front avec eux, il mène son char, le dieu qui règne sur toul l’univers. ― Il sillonne les chemins de l’espace, et pas un jour il ne repose : ami des eaux, premier-né de l’ordre divin, où donc est-il né ? d’où vient-il ? — Haleine des dieux, germe de l’être, ce dieu erre à son gré : on entend son murmure, on ne voit point sa forme ; au Vent offrande et hommage ! (Rig-Vêda, X. 168.)

C’est à Vâta ou Vâyu que la lyre parle sur ce ton plus posé ; mais elle tend ses cordes et précipite ses accords pour chanter Parjanya, le nuage orageux, qui porte dans ses flancs la dévastation et la renaissance.

... Le taureau mugissant et diluvial verse aux

plantes la semence de vie. — Il foudroie les arbres et