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Page:Henry - Les Littératures de l’Inde.djvu/39

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confluentes qui se nomment aujourd’hui Bias et Satledge (Rig Véda, III, 33).

Joyeuses, du sein des montagnes, comme deux cavales déchaînées el bondissantes, comme deux belles vaches mères caressantes, la Vipâç el la Çutudrî précipitenl leur lait. — « Indra vous a donné l’élan que vous souhaitiez[1], et vous allez au grand réservoir comme si un char vous portait : contiguës, gonflant vos ondes, chacune de vous, ô belles, aborde l’autre. — Et moi, j’ai abordé la rivière mère entre les mères, nous sommes venus à la Vipâç large el prospère. Comme deux mères qui lèchent leur veau, elles se hâtent ensemble vers le lit commun ». — « Oui, gonflées de lait, nous suivons le lit que nous a fail le dieu, et rien jamais n’entrave notre élan ; qu’a donc le prêtre à invoquer les rivières ? » — « À ma voix, douce comme ambroisie, arrêtez, ô saintes, calmez un instant votre fougue. C’est une haute prière que, dans sa détresse, fait descendre à votre onde le fils de Kuçika. » — « C’est Indra qui, le foudre au bras, nous a frayé la voie ; il a frappé Vŗtra qui cernait les rivières ; guidé par la main d’or du dieu Savitar, a jailli et s’avance notre large élan. » — « Eh bien ; je proclamerai à jamais le grand exploit, l’exploit d’Indra : il a fendu le Serpent ; son foudre a rompu les digues, et les eaux ont marché, empressées à s’enfuir. » — « N’oublie donc pas, ô chantre, cette parole que répéteront après toi les âges futurs : dis-nous des vers qui nous plaisent[2] ; ne nous ravale

  1. Après sa victoire sur Vŗtra qui retenait les eaux captives (p. 11).
  2. Et non pas qui nous humilient, ainsi que tu le fais : voir la suite.