Page:Henry - Les Littératures de l’Inde.djvu/81

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ses développements littéraires ; comme aussi c’est sur la conclusion du Nyâva, « tout mal moral et toute souffrance physique procèdent de l’erreur », que le bouddhisme étaiera sa pierre d’assise, « la claire connaissance abolit le mal de vivre ».

Mais comment atteindre à la claire connaissance ? Le Vaiçêṣika, — « système des catégories », dérivé de viçêṣa « différence », — œuvre d’un nommé Kanâda, aussi ancien peut être, sinon davantage, que Gautama, avait déjà répondu à la question par l’aphorisme de Descartes : « diviser chacune des difficultés en autant de parcelles qu’il se pourrait et qu’il serait requis pour les mieux résoudre. » À cet effet sont distinguées six ou sept catégories de l’entendement humain, dont la première est la substance ; et celle-ci, à son tour, se subdivisera en neuf espèces, — je ne dis pas « neuf modes », on va voir pourquoi : — terre, eau, l’eu, air, éther, temps, espace, âme, et l’entendement lui même.

Des trois premiers éléments il n’y a rien à dire. Mais la subtilité qui différencie air, éther et espace prêter à surprise : l’air, c’est le vent (vâyu), qui ne circule que très près de la terre ; l’éther (âkâça) s’étend jusqu’aux limites de l’univers visible, entre les deux valves que forment le ciel et la terre, et il serl de véhicule au son ; quant à l’espace, uniquement, comme le temps, l’objectivation d’une notion rationnelle, un postulat pris pour une substance, erreur dont la philosophie occidentale