Page:Henry - Les Littératures de l’Inde.djvu/98

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

naquit dans la ville de Kapilavastu, dont le site a été récemment retrouvé. Sa mère Mâyâ[1] mourut sept jours après sa naissance. Sa jeunesse, ainsi qu’il convenait à son rang, s’écoula dans l’oisiveté et les plaisirs. Il se maria ; il eut un fils, qui ne joue aucun rôle dans son histoire[2]. Un jour qu’il riait sorti du parc splendide où il vivait à l’écart de toutes les misères humaines, il fit rencontre d’un vieillard décrépit et sans soutien ; puis, d’un malade désespéré ; puis, d’un mort qu’on portait en terre. Il s’informa ; il apprit que tel était le lot commun des hommes : ainsi il connut que la vie n’est que douleur. La rencontre d’un moine mendiant lui révéla sa vocation : il résolut de rechercher le chemin de la délivrance, de le suivre et de le montrer à ses compagnons d’infortune[3].

    se serait appelé, de son vrai nom, Çâkya-Muni : ce terme, qui signifie « l’ermite [de la famille] Çâkya », n’est qu’un sobriquet poétique, entre tant d’autres dont on l’a décoré ; c’est à peu près comme si un historien appelait couramment Jeanne d’Arc « la voyante de Donremy ».

  1. Ce nom déjà, à lui seul, parait entaché de mythologie : cf. p. 75.
  2. Des documents tardifs du bouddhisme septentrional lui en assignent un : mais ils sont probablement sans aucune valeur historique. Il se serait nomme Râhula ou Lâghula.
  3. On sait que cette légende, lentement charriée vers l’Occident, y est devenue le roman pieux de Barlaam et Joasaph, et, bien des siècles avant que le bouddhisme y fut connu en tant que tel, y a édifié les Chrétiens, qui sans s’en douter ont ainsi compté le Buddha au nombre de leurs saints.