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DÉAZ-DELLÉZOUT


Déaz, s. m., dais, corniche de cheminée, mbr. daes. Empr. fr. dais, et cf. le sens actuel de daez.

Debron, s. m., démangeaison, mbr. debruan « prurit » : abstrait du radical br. debr-, qui est aussi celui de dibri. V. ce mot.

Dék, dég, dix, corn. et cymr. dec > deg, vir. deich (n-)[1], etc. : d’un celt. *dekn < i.-e. *dékm, sk. dâça, gr. δέϰα (deka), lat. decem, got. talhun (ag. ten, al. zehn), etc., etc.

Déhou, adj., droit (opposé à « gauche »), corn. dyghow > dyow, cymr. dehau et deheu id. : d’un celt. *deks-owo- [2] (vir. dess < *deks-o-), dér. de la rac. DEKS, comme sk. daks-ina, gr. δεξ-ιό-ς (dex-io-s), lat. dex-ter, lit. desziné, vsl. desinu, got. taihs-wa, etc.

Dec’h, adv., variante de déac’h (hors de Léon).

Deiz, s. m., jour, corn. det, cymr. dydd id. : d’un celt. *diyes-, vir. et ir. die et rfia, gael. di- (initiale des noms des jours de la semaine) ; dér. de la rac. i.-e. DIw « briller », sk. dyaû-s, « ciel, jour », gr. Ζεύς (Zeus) ; (dieu du ciel), lat. diès, etc. Cf. Doué.

Déjandein, déjanein (V.), vb., railler. Empr. fr. ancien déchanter, « chanter en déchant, chanter dans une autre partie le même chant que qqun », d’où « contrefaire ». — Conj.

Délez, s. f., vergue, mbr. delé, vbr. pl. deleiou, corn. dele, vir., ir. et gael. deil « verge » : soit originairement « jeune branche » (métaphore), dér. du même radical que délien[3].

Delc'her, vb., tenir. V. sous dalc’h et derc’hel.

Délien, s. f., feuille (pl. déliou), corn. delen, cymr. dalenet deilen, ir. et gael. duille, gaul. -dula dans le composé πεμπε-δουλα (pempe-doula) « la quintefeuille » : soit donc un celt. *dulld, dér. d’une rac. DHwEL, cf. gr. θύλλα· ϰλάδους ἢ φύλλα (thulla ; kladous ê pulla) Hesych. « feuilles », θάλος (thalos) ; et θάλλος (thallos) ; « jeune rameau », θάλλειν (thallein) « verdoyer », sans autre équivalent que l’arménien dal-ar « vert ».

Dellézout, vb., mériter, mbr. delezaff id. = cymr. dyr-llyddu, et dellit = cymr. dyr-ilid « mérite » : se ramènent respectivement à *do-ftli-yoot *do-sli-tu-, c’est-à-dire à deux dér., précédés de préf. (V. sous *da-), d’une rac. celt. SLÎ, vir. dosli « il mérite », à laquelle on ne connaît point d’équivalent en dehors du celtique. — Loth.

  1. C’est-à-dire que, si le mot suivant commence par voyelle, l’ancien n final du mot sonne en liaison.
  2. Cf. Dexsiea, n. pr. d’une déesse gauloise.
  3. Délez s. m. a degré » n’est qu’une corruption de déres.