Page:Henry - Lexique étymologique du breton moderne.djvu/148

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
112
ELGEZ-EMGANN

Elgez, s. f., menton, corn. elgeht, cymr. aelgeth > elgeth. — Étym. inc

Eli, s. m., membre, ergot : malgré ir. et gael. alt « jointure », paraît identique à ézel, avec chute dialectale du z intervocalique, contraction, et doublement de l’l en prononciation rapide, cf. l’l simple de kéfèlek[1].

Élô, s. m., tremble, mbr. ezlen, corn. aidl-en « sapin », vir. aidle « planche », altération de *ezl- en *evl > elv, sous l’influence de elf. V. ce mot, et cf. l’altération similaire de evn[2]. — Étym. inc.

Elven, s. f., étincelle, mbr. elven tan, exactement « élément, atome de feu » : le même mot que elfen, mais contaminé de *uflen « étincelle ». V. sous eufl et fulen.

Elvézen, s. m., raifort : contamination possible de irvin et de *gwrizienn > grisien. V. ces mots et alouein.

Em, syncopé pour en em. V. cette locution.

Éma, il est, voici : exactement « ici » [est], etc., soit é-ma, composé de / en et du même élément local qui se trouve dans ama ou aman. V. ce mot, et cf. 3 ma et mafi.

Embann, s. m., ban, proclamation. Empr. fr. [proclamer] en ban.

Embouda, vb., greffer : dér. d’empr. lat. vulgaire *emputa > fr. ente * « scion de greffe », lui-même empr. gr. ἔμ-φυτον (em-phuton) « qui pousse dans ».

Embréga, vb., manier. Empr. bas-lat. imbrachiàre « embrasser ».

Émé, émez, vb., dit[-il] : seule forme conservée (1 é+mez) d’un vb. qui est en cymr. medd « il dit ». — Étym. inc.[3].

Émesk, adv., parmi, cymr. ym mysg, ir. et gael. am measg > measg id. : soit un celt. *in med-skô « au milieu », dont le second terme est une dérivation de la rac. MEDH « milieu », cf. sk. mádh-ya-, gr. *μεθ (*meth)-yo- μέσσος (messos) μέσος (mesos), lat. med-iu-s, got. mid-ji-s, ag. (a-)mid, al. mit, mitte, etc.[4].

Emgann, s. m., combat : exactement « batterie réciproque ». V. sous em et 2 kann.

  1. La désuétude de ézel lui-même peut avoir favorisé l’altération phonétique et la légère déviation sémantique.
  2. Le type *ez-len pourrait remonter a un celt. *pat-ilion* « qui s’étend », cf. lat. patêre « s’étendre » et pat-ulu-s « touffu », gr. μετά-ννῦμι (meta-nnumi) « j’étends », etc. Quant au type elc-, M. Ernault l’en a récemment séparé, en expliquant élô « tremble » et cl/ « palette », respectivement par empr. lat. albus « blanc » et alba « aube » [de moulin] : Mém. Soc. Ling., X, p. 325.
  3. Cf. gr. μῦθ-ο-ς (muth-o-s) dont l’origine n’est pas plus claire.
  4. Les équivalents celtiques directs sont mbr. (irrégulier) y metou « au milieu », oymr. yrneun > meivn « dans », vir. im*medôn et adj. mide « milieu », gaul. *med-io-s dans Medio-ldnum « Milan » (milieu de la plaine), « Meilhan », et autres n. pr. : se garder donc de confondre avec metsk » mélange ». V. ce mot et cf. métou.