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MOUÉZ-MÛD

1 Mouéz, s. f., voix (aussi mouec’h V.), mbr. moez y pour *voez (le v pris pour une mutation douce). Empr. fr. ancien vois, mais emprunté vraisemblablement à une époque où la gutturale latine de vôx y sonnait vaguement encore ; fait de chronologie indéterminable.

2 Mouéz, s. m., puanteur : abstrait d’empr. fr. ancien moiseure « moisissure » ; ou empr. fr. moise « caque ». — Conj.

Mouga, vb., étouffer : dér. de môg. V. ce mot.

Mougéô, s. m., caverne, cymr. gogof« celt. *too-kow-yo-) : pour *gwogeo contaminé de mouga. V. sous *gw- et kèô.

Moucha, vb., couvrir le visage. Empr. fr. ancien se musser « se cacher », contaminé de mouchouer « fichu », autre empr. fr.

Moulbenni, vb., rechigner (aussi mouspenni). Empr. germanique probable : cf. al. actuel maulen et schmollen « bouder »[1].

Moullek, s. m., pluvier, cf. mbr. moullecgu mulet » (poisson) : dér. d’empr. lat. mullus, mais le changement de sens est bien bizarre.

Mouña, vb., manger comme les gens qui n’ont plus de dents, remuer les lèvres sans bruit : paraît une onomatopée assez expressive ; cf. pourtant fr. marmonner et br. munzun (peu clair lui-même).

Mouren, s. f., sourcil, moustache : variante de gourrenn[2].

Mours (V.), s. m., excrément humain : altéré pour mbr. mous (cf. aussi mouzenn V. « c souillon »), cymr. mws « excrément », ir. mos-ach et gael. mus-ach « malpropre », qui supposent un celt. *musso- < *mwd-« o-, gr. μύσος *μυδ-σος « souillure », μύδ-ο-ς, « humidité, moisissure », lit. mud-a-s « algue » (?) ; cf. aussi ag. mud « boue » (avec une autre dentale) et br. moués, car fr. moite relève peut-être de cette souche.

Mousc’hoarz, s. m., sourire : exactement « rire qui se dissimule », composé hybride de fr. et de br. Cf. moucha et c’hoarz.

Moustra, vb., accabler, fouler. Empr. fr. ancien mousser « froisser » (cf. mousse « émoussé »), contaminé de maṅtra. V. ce mot.

Mouza, vb., bouder. Empr. fr. ancien et dialectal (picard) mousse « moue » d’origine inconnue comme moue lui-même.

Mûd, adj., muet, cymr. mud. Empr. lat. mutus.

  1. Mais la dernière partie du mot est bien obscure. — La variante mouspenni parait contaminée de mouza. V. ce mot.
  2. G et m, en mutation douce, devenant occasionnellement v, une forme de mutation douce à v initial procédant de g a pu parfois suggérer une forme faussement primitive, commençant par m. Cf. le Gloss. Ern. p., 428 sq.