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SKÔPA-SKRÎD


Skôpa, vb., cracher avec effort. Empr. roman ; cf. provençal escupir <lat. *ex-con-spuere.

Skôr, s. m., étai, étançon. Empr. fr. ancien escore > écore, altéré en accore « étai de navire ». Ou bien empr. ags. *scor > ag. shore « étai » > fr. escore. Cf. cymr. ysgor « rempart », empr. ir. scor.

Skorf, s. m., décharge d’un étang. Empr. germanique probable ; cf. ags. sceorp-an et al. schûrf-en <( pratiquer une coupure ». — Conj.[1]

Skouarn, s. f., oreille, corn. scovarn, cymr. ysgyfarn, et ysgyfarnog « lièvre » = vbr. pl. scobarn-oc-ion « qui ont des oreilles » : soit un celt. *skow-erna, dér. de rac. SKOW « faire attention à », sk. kav-l « sage », gr. ϰο(ϝ)-έω et ἀ-ϰού-ω « j’entends », lat. cao-ëre « être sur ses gardes », vhal. scouw-ôn <c épier » > al. schauen « regarder » (cf. ag. tfo show « montrer »), etc. — Douteux.

Skouér, s. f., équerre, exemple, cymr. ijsgwâr et ysgwîr. Empr. fr. ancien esquarre ou escjuierre (cf. ag. square et squire) < lat. *exquadrâre.

Skoul, s. f., milan, corn. &coa/ : pour *skoucl < *skoufl i attesté par fr. écoufle empr. br. ; cf. cymr. ysgyflwr « saisisseur ». V. sous s/riT/*.

Skoultr, s. m., branche de bois d’émonde : abstrait de diskoultra « émonder », qui contient Tempr. fr. coultre « couteau »[2].

Skourjez, s. f., fouet. Empr. fr. ancien escourgêe id.

Skourn, s. m., glace forte. — Étym. inc.[3].

Skourr, s. m., grosse branche, corn. scorren (voc.) > scoren, cymr. ysgwr id. : soit un celt. *s/.*or-o-, « séparation, fourche », qui se rattacherait à la même rac. que shara, skarr, skarza, etc.

Skraba, vb., gratter, racler, cymr. ysgrafu. Empr. germanique, visl. skrapa, ag. to scrape, etc., et cf. aussi skrapa et lat. scabere.

Skrampa, vb., ramper : contamination du précédent (« racler le sol ») avec l’empr. fr. ramper. Cf. rampa, skrapa et krampinel.

Skrapa, vb., agripper, escroquer. V. sous 1 kràf, et cf. skraba ou skléar pour l’explication de Ys initial. D’ailleurs semi-onomatopée.

Skrîd, s. m., acte écrit. Empr. fr. ancien *scrit > escrit.

  1. M. Loth soupçonne dans le nom du Scorff (rivière) une nasale ancienne devenue ^T, qui réduirait à néant l’hypothèse proposée.
  2. Mais avec contamination probable de skourr.
  3. La variante sorn (Ern.) n’aurait jamais pu signifier que « temps brumeux », et l’on ne voit guère comment une contamination par skias lui aurait donné le sens de « glace forte ». On penserait plutôt à une relation avec lat. cortex « écorce ».